"l'Enceinte Vierge"

 

Agnès Bihl, fraîche et jeune chanteuse, se démarque de bon nombre d'autres artistes de par ses chansons parfois cruelles et sombres, parfois plus drôles. Elle trouve ainsi, sa propre originalité.
Dans sa chanson "l'Enceinte Vierge", la jeune femme dénonce les interdits de la religion, comme étant absurdes, et plus précisément ceux de la religion catholique puisqu'elle fait référence au Pape notamment.
 
 
On peut trouver, très ancré dans sa chanson, le champ lexical du religieux avec " Pape, bénit, saint " dès le premier couplet. Ajouté à cela, la chanteuse associe le champ lexical de la misère pour preuve : " cités, bidonvilles ", dans le but de renforcer et d'amplifier une connotation péjorative de la religion. Mélangeant dans ce même esprit, un niveau de langue relevant plutôt de  l'argot, comme " becqu'ter, gosses, boulot " sans jamais être vulgaire, à de nombreuses élisions " r'ligion, d'façon ". Agnès Bihl s'inscrit dans un style bien particulier, se rapprochant plus des jeunes de notre époque.
Ce style d'écriture peut paraître ambigu, voire même contradictoire lorsque l'on regarde la forme du texte de plus près. Effectivement, on peut assimiler les paroles de " l'Enceinte Vierge " à un véritable poème. D'une part, on note immédiatement que la chanson est bâtie sur huit strophes, composées de vers octosyllabiques, ainsi que d'un refrain sous la forme d'un quatrain, qui donne le sentiment de quelque chose de lancinant. Mais ce qui donne un effet réellement poétique à cette chanson, ce sont ses rimes croisées de la strophe jusqu'au refrain.
D'autre part, étant donné que ce texte est une chanson, il est certain que la mélodie joue elle aussi beaucoup sur l'effet poétique qu'elle produit. Si vous écoutez bien l'extrait, la mélodie et la voix enfantine, douce et fluette d'Agnès Bihl donnent à cette chanson un rayonnement intemporel. De plus, l'allitération filée en [s] tout au long du texte "Ca passe ; ça tient ; Ceux ; saint ; gosses", endurcit de plus belle le rythme. En effet, la mélodie et les instruments employés nous rappellent ardemment ces artistes des rues de Paris dans les années 30.
Tous ces procédés stylistiques expriment une certaine régularité, un souci de la tradition poétique. Sans doute la chanteuse se sert-elle de la douceur que dégagent la forme et sa voix pour faire passer ses idées contestataires.
 
Agnès Bihl défend donc ses idées en matière de morale religieuse à travers cette chanson.
Si l'on étudie de plus près les différents couplets, on se rend compte que chacun dénonce une idée. Le premier couplet se penche sur la dénonciation de la pauvreté en certains endroits. De plus, il souligne, tout comme le quatrième couplet, le problème de la sexualité vu par la religion qui ne permet l'acte sexuel qu'en cas de procréation. Le deuxième couplet, lui, traite de la condamnation des moyens de contraception par l'Église mais insiste aussi avec ironie et mépris sur la loi du silence qui caractérise les viols dans la religion. Toutes ces absurdités s'emmêlent à partir du troisième couplet.
La chanteuse dénonce bien, en utilisant la violence qu'expriment les mots, entre sarcasmes et ironie noire, les dysfonctionnements de certains principes de la religion.
C'est à dire que, la contraception étant proscrite, la religion serait en quelques sortes complice de toutes les maladies sexuellement transmissibles, et notamment du SIDA qui est suggéré dans les premier et septième couplets. De plus, l'Eglise donne comme principe qu'il ne faut pas utiliser de moyens de contraception, donc les famille pauvres (c'était notamment le cas vers le 18ème siècle, mais encore aujourd'hui) se retrouvent avec des enfants avec l'incapacité de subvenir à leurs besoins et  s'en débarrassent donc en les abandonnant pour la plupart. L'artiste insiste également sur le fait que le sexe, destiné uniquement à procréer ne doit pas constituer un plaisir.
Nous pouvons donc conclure que tous ces principes, prônés par l'Eglise et la religion, sont non seulement contradictoires mais également incompatibles, du fait que si l'on respecte un des principes dénoncés, les autres se trouvent transgressés. Agnès Bihl montre ainsi la faiblesse des principes sur lesquels la religion est fondée. Mais il ne faut pas se méprendre sur les intentions de la chanteuse; en effet, elle ne s'attaque pas directement à la religion en tant que telle mais essentiellement aux interdits que les ecclésiastiques veulent faire passer pour préceptes à respecter.
Au final, Agnès Bihl dénonce implicitement ces hommes qui se cachent derrière le fait que la religion soit respectée et influence le mode de vie et les décisions du peuple. Dans cette chanson est donc critiquée l'aliénation des hommes par la religion dans le sens où elle ne permet pas aux hommes de réfléchir, de s'interroger et en quelque sorte, les prive de leur liberté. De plus, le manque de volonté fait des hommes des proies à toute soumission, le plus souvent à celle des idées, ce qui les fragilise.


Enfin, je finirai cette étude par une citation de Karl Marx :

" La religion est l'opium du peuple "

A méditer.