Réputé pour son travail en regard des droits de l’Homme, Sting voit son activisme comme un moyen d'être un citoyen du monde. Pour lui, les aspects personnels et politiques se fusionnent; l'art et l'action deviennent inextricables. Pourtant, il ne se considère pas comme un homme politique mais juste comme quelqu'un d'humain qui respecte et aime son prochain, comme nous le prouve cette chanson, écrite en mémoire d'une prostituée d'Amsterdam, Roxanne. Que dire de cet hymne à la liberté féminine si ce n'est que quelqu'un ose enfin dire à voix haute ce que tout le monde pense tout bas? En plus de cet hymne, ne percevons-nous pas en arrière plan une très belle et humaine déclaration d'amour?
En premier lieu, nous traiterons donc de la portée universelle de ce texte, puisqu'il révèle un problème malheureusement très connu de par le monde, celui de la prostitution. Il nous faut préciser qu'en Hollande, les prostituées sont "placées" en vitrine et lorsque ces dernières sont prêtes à accueillir un client, elles allument une lumière rouge. Dans cette posture-là, la femme n'est-elle pas encore plus animalisée que dans les autres pays où la prostitution sévit aux sus et aux vues de tout le monde? Ici, Sting pose donc bien les faits tels qu'ils sont réellement, notamment grâce à la répetiton "you don't have to put on the red light" (X4). D'autres répétitions sont aussi présentes, telles que "you don't" ou bien encore d'autres négations comme "I wouldn't", "I won't"(X2). Ces négations, essentiellement la première citée, appuient le fait que Roxanne a le choix de rester ou non dans la rue "you don't have to wear that dress tonight walk the street for money". Le choix lui est permis, mais cela seulement parce que son interlocuteur le lui laisse.
Enfin, la répétition de "Roxanne", insiste sur le caractère privé de la chanson, ce qui nous mène à la seconde partie, qui traitera du cri d'amour qui se cache entre les lignes.
Ici, nous retrouvons les marques d'affection, qui laissent à penser que le texte se veut aussi être une très belle et personnelle déclaration d'amour. Comme preuve, nous trouvons la perpétuelle citation du nom de la muse "Roxanne", et aussi la seule présence du "je " et du "tu". Cela nous renvoie donc au pétrarquisme, marque suprême de l'amour éprouvé. De plus, la phrase "I loved you since I knew you" révèle un long moment de silence avant l'aveu des sentiments qui se fait sous nos yeux.
Dans le même état d'esprit, la phrase "I won't share you with another boy" dénote un amour exclusif et donc, par conséquent, une maladive envie, un besoin de la sortir du cercle du proxénétisme. Quoi de plus normal? Néanmoins, un peu plus loin dans la chanson nous trouvons la remarque "Told you once I won't tell you again" qui laisse penser que c'est là sa dernière chance de ne pas perdre son amour et ainsi, de s'en sortir.
Le texte entier est basé sur une construction en miroir. Ainsi, la chanson est très régulière et rythmée par la reprise de "Roxanne"(2 syllabes) et "you don't have to put on the red light"(10 syllabes). La fin de la chanson ne nous dit pas explicitement quel aura été le choix de Roxanne mais le fait que Sting ait choisi d'en faire une chanson, laisse supposer qu'à présent il l'a perdue. Une autre interprétation de la chanson reste cependant envisageable: la chanson serait alors pure fiction et donc un simple moyen de s'exprimer sur un sujet qui lui tient beaucoup à coeur, comme à la plupart des êtres humains qui ne peuvent concevoir la traite de l'homme par l'homme... oui, la prostitution est bien une des formes de l'esclavage moderne..
A méditer!